Réparer nos mémoires

Témoignage recueilli auprès d’une proche :

« J’avais des vidéos des années 80 que je gardais dans un carton. Des moments vécus en famille, des jeux dans le jardin, des enfants qui courent. Je me disais qu’un jour je les ferais enregistrer en format numérique, mais quand j’ai voulu le faire il était trop tard. Les bandes étaient vierges. A présent tout cela n’existe plus que dans nos souvenirs, et j’ai le sentiment que j’ai perdu quelque chose de précieux… »

Aujourd’hui nous vivons dans un paradoxe étrange : nous laissons des traces de nous-même en quantité sur les réseaux sociaux, comme pour tenter de fixer chaque bel événement de notre vie, et en même temps nous ne pouvons pas compter sur notre environnement numérique pour s’assurer que nous garderons ces traces. C’est nous qui devrions nous en occuper, mais nous croulons tellement sous les images que sommes incapables de les trier et d’assurer la pérennité de celles qui comptent réellement.

Choisir d’écrire ses souvenirs, c’est entrer dans une démarche résolument différente. C’est préférer la suggestion à l’image imposée. C’est aussi s’inscrire sur le papier, un matériau qui se conserve somme toute très bien ! Faisons confiance à notre plaisir de raconter et de partager nos histoires pour réparer les « trous » laissés par les bugs informatiques et les problèmes techniques. J’adorerais accompagner quelqu’un qui chercherait à reconstituer un souvenir dont la trace numérique s’est « perdue ».